C'est pas demain la veille

#5 – « Le spectacle de la nature est toujours beau ». Aristote

Comme toutes les deux semaines, l’Institut des Transitions de l’Université de Rouen Normandie (T.URN) vous propose une veille sur les sujets relatifs à la transition socio-écologique. Bonne lecture !

« Limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C est désormais impossible » selon un groupe de chercheurs de renom

L’affirmation selon laquelle les objectifs de Paris sont hors d’atteinte (ne pas dépasser 1.5 degré de réchauffement global du climat entre la Révolution Industrielle et 2100) est désormais officiellement d’actualité. C’est une affirmation qui transparait à travers une étude signée par plus de 60 scientifiques, dont plusieurs auteurs (actuels et anciens) du GIEC. Voilà ce qu’il faut en retenir :

  • malgré des efforts d’amélioration de la qualité de l’air et de tentatives de diminution des émissions de gaz à effet de serre dans certaines régions du globe, les émissions effectives de GES  continuent d’augmenter année après année. Le système climatique cumule toujours plus de chaleur et le forçage radiatif se renforce. Le bilan énergétique terrestre n’en est que plus impacté. Il a atteint 1 W/m2 en 2024 soit : +25% par rapport à 2006-2018 ; et un doublement par rapport à la référence 1970-1980 ;
  • l’accumulation d’énergie dans le système climatique a des effets déjà parfaitement perceptibles : hausse du niveau des océans (+23 cm en comparaison à l’année référence 1901), se traduisant par une augmentation moyenne de 4mm par an. Le réchauffement du climat s’accélère plus rapidement : +0.27°C par rapport à la référence 2015-2024 et +1.36°C en 2024. Cette augmentation croissante laisse craindre que nous dépassions le seuil, donc symbolique, d’1.5°C d’ici 5 ans. Sachant que ce seuil a été dépassé pour la première fois en 2024, à cause de l’activité relativement intense d’El Nino, entre autres choses ;
  • les actions initiées à la suite des Accords de Paris n’ont pas été assez efficaces et n’ont pas permis d’amorcer le virage nécessaire pour changer de trajectoire. C’est un fait. Mais comme l’a rappelé Valérie Masson-Delmotte, qui a participé à l’étude : « la suite va dépendre des choix qui vont être faits, et il est possible, en réduisant fortement les émissions de gaz à effet de serre, de freiner le réchauffement à venir, et limiter l’ampleur des risques associés ». Il n’est jamais trop tard pour arrêter de faire pire.

Les enjeux de biodiversité en région Normandie : découvrez les actions conduites par la direction régionale de l’Office français de la biodiversité sur le territoire

L’Office français de la biodiversité (OFB) est un établissement public dédié à la protection et la restauration de la biodiversité. La direction régionale Normandie de l’Office français de la biodiversité (OFB) met en œuvre sur le territoire 5 grandes missions : la connaissance, la recherche et l’expertise sur les espèces, les milieux et leurs usages ; la police de l’environnement et la police sanitaire de la faune sauvage ; l’appui à la mise en œuvre des politiques publiques ; la gestion et l’appui aux gestionnaires d’espaces naturels ; l’appui aux acteurs et la mobilisation de la société. Voilà quelques exemples qui permettent de comprendre l’implication de cette institution sur le territoire normand :

  • des avis techniques sur des projets en mer : l’OFB a été saisi pour rendre des avis sur deux projets présents en Seine-Maritime et dans le Nord. Les nouveaux EPR rattachés à la centrale nucléaire de Penly et un projet de parc éolien en mer sur une superficie de 50 km² au large de Dunkerque. Dans chacun des cas, l’expertise de l’organisation a été sollicitée afin prendre
    en compte les enjeux environnementaux marins et terrestres ;
  • faire pousser des aires éducatives en Normandie : ces dernières sont des projets portés par une ou plusieurs classes où les élèves réfléchissent collectivement à la préservation d’un petit bout de territoire qu’ils choisissent. À la rentrée 2024, on comptait 53 projets en Normandie, dont 36 bénéficiaient d’un accompagnement financier de l’OFB. Pour renforcer ces actions locales, un partenariat avec le réseau GRAINE Normandie a été tissé ;
  • le guichet unique haie : ce sont des dispositifs accompagnant les agriculteurs dans le travail de gestion des haies. L’objectif : protéger et favoriser le recomposition du bocage normand ;
  • un appui aux gestionnaires d’espaces naturels : la réserve de chasse et de faune sauvage (RCFS) de la Grand’mare, propriété de l’OFB, est désormais gérée par la Fédération départementale des chasseurs de l’Eure. Cette collaboration permet de travailler sur plusieurs aspects parmi lesquels : inventorier les espaces animales présentes, l’installation de matériels de mesure, etc.

Pollution numérique, du clic au déclic ?

Internet et sa myriade de possibilités. On en viendrait presque à oublier que ce sujet, le numérique, que l’on perçoit comme « immatériel » l’est pourtant bel et bien. L’organisation « qu’est-ce qu’on fait » qui publie régulièrement des infographies à ce propos. Et l’une de ses dernières titrées « Pollution numérique, du clic au déclic » est une mine d’informations pour comprendre quels sont les impacts du secteur du numérique. En voici une synthèse :

  • il a doublé. Le nombre d’internautes dans le monde a doublé ces 10 dernières années, ce qui signifie qu’environ 70% de la population mondiale est désormais « en ligne ». Une mise en réseau qui ouvre des portes sur le monde.. mais qui renforce plus encore les questions sur les impacts environnementaux – entre autres – du numérique ;
  • 6h35. C’est le temps moyen passé par un.e citoyen.ne sur internet par jour. Entre le traitement des e-mails (professionnels et personnels), les réseaux sociaux, les requêtes Google, cela commence à faire beaucoup. Surtout si l’on considère qu’un individu ordinaire est éveillé environ 16 heures par jour. Vous avez dit « trop connectés » ? ;
  • Des terminaux qui pèsent lourds. Plus de la moitié de l’empreinte environnementale du numérique est à rattacher aux terminaux (téléphones, objets connectés, ordinateurs, etc.). Le renouvellement de ces dispositifs et leur multiplication dans les foyers du monde entier entraine une hausse de la demande des matériaux nécessaires à leur construction. D’ailleurs, pour un smartphone, on estime que 80% de son empreinte carbone est générée avant même sa première utilisation.. une sobriété relative ;
  • 1.7 tonne. C’est la quantité moyenne de ressources mobilisées par français.e chaque année pour répondre à la demande de matériels numériques (renouvellement de téléphone, achat d’appareils supplémentaires, etc.). Une augmentation croissante qui suit une logique malheureusement exponentielle : plus de mises en réseau et plus d’utilisateurs, plus de dispositifs connectés, à renouveler de plus en plus fréquemment ;
  • Internet c’est de l’eau. Saviez-vous que 99% de l’internet mondial passait sous l’eau ? La quasi totalité du flux mondial de données transite à travers 500 grands câbles déposés sur le plancher océanique. Le tout mesurant plus de 1.3 million de kilomètres soit 33 fois le tour du globe. La matérialité cachée de l’internet.

Contamination au cadmium : les médecins pointent la responsabilité des engrais agricoles

« Les français sont contaminés au cadmium« . C’est par cette brève affirmation que démarre le communiqué de presse des Unions régionales des professionnels de santé-Médecins libéraux (URPS). Ces derniers ont rappelé un message que l’on savait vrai car déjà cité dans plusieurs travaux de l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) : la teneur en cadmium de certains aliments dépasse les seuils déclarés « tolérables ». Voici les informations à retenir :

  • c’est sans équivoque : l’imprégnation moyenne au cadmium mesurée a quasiment doublé entre l’étude ESTEBAN (2014-2016) et ENNS (2006-2007) (0.57 contre 0.29 µg/g de créatinine). On apprend notamment que cette imprégnation est « 3 fois supérieure à celle des adultes américains ». Dernier chiffre attestant de la problématique du dépassement des seuils : chez les enfants, la dose moyenne de l’étude ESTEBAN est 4 fois supérieure à celle des enfants américains ou allemands ;
  • parmi les faits les plus notables à retenir concernant cette affaire sanitaire extrêmement préoccupante, l’URPS insiste sur le fait que le cadmium est un métal cancérogène prouvé ; que ce dernier est répandu dans l’environnement à cause de certaines typologies d’activités humaines (industrie et agriculture surtout) ; que la concentration en cadmium dans les urines humaines s’est envolée ces dernières années (+ 40% entre les études ENNS (2006-2007) et Esteban (2014-2016)) ; que ce métal peut être persistant dans nos sols pendant plusieurs décennies et qu’il contamine la terre ou l’eau ;
  • l’ANSES dans sa recommandation datant de 2023 proposait d’abaisser les seuils jugés comme étant « tolérables » et de contraindre davantage l’usage de matières fertilisantes. Ce message est également repris par le message de l’URPS.

30 heures de cours sur la transition socio-écologique à l’Université de Rouen Normandie !

Avec 6 mois d’avance sur les recommandations du ministère, l’URN a atteint les 30h de socle commun dédiées à la TEDS pour les licences ! 🎉

✅ 10h de cours magistraux (CM) en 1ère année sur depuis 2022
✅ 12h CM en 2ème année depuis janvier 2025 👉 des heures qui peuvent être disciplinarisées par les départements eux-mêmes
✅ 8h de module en e-learning, MoocdesPossibles, en 2ème année également, depuis janvier 2025

On y aborde les thématiques telles que :
🌡 le changement climatique, 🍄 la biodiversité, 💧 les ressources, ⚖ la transition juste et équitable, ⚡ l’énergie et 🤝 les nouveaux modèles économiques

💃 Lundi soir, le pôle formation (https://turn.univ-rouen.fr/pole-formation/) a porté un évènement pour fêter l’atteinte de ces 30h à la Maison de l’architecture normande. Merci à toutes les intervenantes et tous les intervenants ainsi qu’au public : de beaux échanges et de futurs projets à concrétiser ?

🎯 50h en 2026 dans le cadre du projet TRANSITION en intégrant de l’engagement étudiant : cap ou pas cap ?

Le schéma directeur DD&RSE de l’Université de Rouen (2025-2032)

Nous le savons désormais depuis un certain temps, la lutte face au changement climatique et ses conséquences est primordiale. Le dernier rapport du GIEC (mars 2023) évoque un changement climatique sans précédent, une multiplication des événements extrêmes, des inégalités face à ce changement climatique, une interdépendance entre climat, biodiversité et sociétés humaines ou encore le besoin d’agir immédiatement. À l’université de Rouen Normandie, cela fait plus de dix ans maintenant que l’on se préoccupe de ces sujets. L’Université a toujours souhaité devenir une référence dans ce domaine et notamment dans le paysage de l’enseignement supérieur français.

En 2020, l’URN a obtenu le label DD&RS qui récompensait ses efforts en la matière. Mais depuis, l’établissement ne s’est pas arrêté. Cela s’est notamment vu avec la création d’une feuille de route en six axes. Cette feuille de route a permis la structuration d’un schéma directeur voté en conseil d’administration et déposé le 31 décembre 2024 afin de répondre à une obligation ministérielle, pour la période 2025-2032 et qui reprend les six axes mis en place dans la feuille de route. Pour chaque axe, de trois à six actions fortes permettent de se focaliser sur des sujets importants. Julien Réveillon, Vice-Président Transitions Environnementales et Sociétales de l’université de Rouen Normandie explique en détail chacun de ces six axes ici.

Stage lycéen « Énergies & Nucléaire » : explorer les enjeux cruciaux de l’énergie dans un monde en transition

L’association Science Ouverte, avec le soutien de la Région Normandie et de la Fondation EDF, propose un stage du 7 au 11 juillet 2025 à l’Université de Rouen pour explorer les enjeux cruciaux de l’énergie dans un monde en transition. Ce stage s’adresse aux lycéennes et lycéens curieux des solutions énergétiques du futur et souhaitant mieux comprendre un secteur clé pour notre planète.

Les participant.e.s auront l’occasion de mieux comprendre comment fonctionne une centrale nucléaire, comment la physique permet de produire de l’énergie, mais aussi comment ces technologies s’appliquent dans des domaines inattendus, comme la médecine. Au fil de la semaine, ils pourront également réfléchir aux choix énergétiques faits en France et en Normandie, aux débats qu’ils suscitent, aux défis technologiques à relever, ainsi qu’aux métiers et formations qui s’y rattachent. Ce stage s’adresse à toutes celles et ceux qui s’intéressent aux sciences, à l’avenir de notre société, ou qui se posent des questions sur leur orientation dans les domaines de l’énergie, de la recherche ou de l’ingénierie.

Ce stage s’adresse à toutes celles et ceux qui s’intéressent aux sciences, à l’avenir de notre société, ou qui se posent des questions sur leur orientation dans les domaines de l’énergie, de la recherche ou de l’ingénierie. Les lycéens visiteront notamment deux laboratoires de l’Université (Groupe de Physique des Matériaux – GPM et Complexe de Recherche Interprofessionnel en Aérothermochimie – CORIA).

Deux intervenants seront présents : Julien Réveillon (Vice-Président DDRS de l’établissement, enseignant-chercheur au CORIA) et Alexandre Brizard (doctorant en physique nucléaire au GANIL – rand Accélérateur National d’Ions Lourds à Caen).

Plusieurs d’informations ici

Recommandation de la semaine

Metabolism of Cities : comprendre le métabolisme de nos sociétés

Comment réduire les impacts générés par nos sociétés modernes de manière systémique, juste et contextualisée ? Produit par Aristide Athanassiadis, ce podcast met régulièrement en avant des chercheuses/chercheurs et spécialistes qui apportent leur expertise afin de mieux comprendre le fonctionnement de nos villes et sociétés. Le tout afin d’envisager comment penser une véritable transition. Transtionner tout en essayant de maintenir un équilibre délicat où l’on tente de conjuguer le « possible » et le « souhaitable ».

Bonne écoute !

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