C'est pas demain la veille

#6 – « L’Homme se doit d’être le gardien de la nature, non son propriétaire ». Philippe Saint-Marc

Comme toutes les deux semaines, l’Institut des Transitions de l’Université de Rouen Normandie (T.URN) vous propose une veille sur les sujets relatifs à la transition socio-écologique. Bonne lecture !

Changement climatique et escalade de la chaleur extrême partout dans le monde : comment évaluer et faire face aux risques ?

Le 30 mai dernier sortait une publication de l’organisation Climate Central à propos de l’évolution des phénomènes de chaleur extrême dans le monde. Dès l’introduction du rapport, les équipes de chercheurs mentionnaient que des signaux particulièrement inquiétants étaient observables à partir de l’année 2024. Voici une brève synthèse de ce qu’il faut en retenir :

  • 4 milliards de personnes. C’est le nombre d’individus exposés à au moins 30 jours de chaleur durant l’année 2024 ;
  • 195. C’est le nombre de pays estimés où le nombre de jours de chaleur a doublé depuis la révolution industrielle (fin du 19ème siècle) ;
  • Le changement climatique accentue ces phénomènes extrêmement dangereux pour les écosystèmes et les sociétés humaines :
    • Aruba est l’Etat le plus touché par le phénomène avec 187 jours enregistrés en 2024 ;
    • entre le 14 et le 30 décembre, une vague de chaleur exceptionnelle s’est développée du Sénégal au Soudan ;
    • parmi les 15 régions les plus touchées par les vagues de chaleur dans le monde, deux régions sont françaises : la Guadeloupe et la Martinique (plus de 160 jours).

FauneRoute : un projet normand pour lutter contre la fragmentation des milieux naturels terrestres

Vous les voyez malheureusement trop souvent. Ces animaux écrasés sur la voie qui témoignent de la dangerosité que représentent les axes routiers français pour la biodiversité. Afin d’informer sur ce sujet, l’Agence Normande de la Biodiversité et du Développement Durable (ANBDD) s’est alliée au Groupe Mammalogique Normand, à l’Union Régionale des Centres Permanents d’Initiatives pour l’Environnement et le Groupe Ornithologique Normand. Les objectifs : sensibiliser par la prévention et mieux protéger les espèces qui vivent à proximité des routes. Voici comment :

  • en développant un programme de sciences participatives permettant la saisie d’observations de mammifères, amphibiens, reptiles et oiseaux écrasés ou vivants à proximité d’une route ;
  • en outillant et en accompagnant les gestionnaires d’infrastructure de transports et les collectivités normandes ;
  • en restaurant les continuités sur certains secteurs identifiés comme problématiques dans le cadre du projet Faune Route ;
  • ce travail se fait en cinq étapes : collecte de données, développement de l’outil FauneRoute, déploiement de l’application, animation de groupes de travail et enfin outillage des collectivités et des acteurs de terrain.

Dans un contexte géopolitique incertain, les approvisionnements énergétiques sont perturbés

L’Agence Internationale de l’Énergie a publié un rapport sur la façon dont pourrait évoluer la demande de pétrole dans le monde dans un contexte géopolitique compliqué. Bien qu’il faille diminuer un maximum et le plus rapidement possible notre utilisation des énergies fossiles, ces dernières sont toujours malheureusement indispensables à nos sociétés modernes. Néanmoins, les tensions autour de certaines exploitations pétrolières et la perturbation des routes commerciales liées aux conflits en cours rendent les prévisions difficiles. L’AIE prévoit que l’offre mondiale de pétrole va surpasser la demande dans les années à venir du fait de ces conflits et de la volonté de décarboner certains pans de l’économie mondiale. Extraits choisis :

  • la Chine pourrait jouer un rôle moteur dans l’affaiblissement de la demande mondiale en pétrole. Misant de plus en plus sur les énergies renouvelables, les véhicules électriques et le gaz naturel, elle pourrait voir sa consommation de pétrole décliner à partir de 2027 ;
  • les États-Unis vont continuer à dynamiser la croissance mondiale de production de pétrole jusqu’à la fin de la décennie au moins. Même si les investissements dans les infrastructures pétrolières américaines déclinent, les énergies fossiles restent un horizon pour l’économie américaine au moins jusqu’à 2030 ;
  • l’AIE estime que le pic de la demande mondiale de pétrole arrivera à la fin de la décennie et plafonnera autour de 105 millions de barils/jour consommés. Selon l’organisation, la légère hausse de la demande attendue d’ici à 2030 sera liée en partie à l’augmentation de la demande en matières premières pétrochimiques.

Vers une alimentation saine et durable : quelle est l’assiette idéale ?

Et encore une. Cette semaine, nous vous présentons une infographie interactive de l’organisation « qu’est-ce qu’on fait« . Le dossier « vers une alimentation saine et durable : quelle est l’assiette idéale ? » interroge : quel type d’alimentation est possible dans un monde devant être de moins en moins carboné, de plus en plus respectueux des animaux et des écosystèmes terrestres, faisant face à des difficultés d’approvisionnement en matières premières indispensables à la pratique agricole moderne..? Voici quelques clés fournies par l’article :

  • monoculture, épandage de pesticides, disparition d’espèces d’oiseaux/d’amphibiens/d’insectes, usages d’engrais chimiques produisant du protoxyde d’azote ou encore la multiplication de maladies liées à l’usage de produits chimiques dans le cadre agricole. Nombreuses sont les problématiques pouvant être rattachées à la production de denrées alimentaires. Une impérative transition, permettant une pérennité des écosystèmes, doit se faire tant pour les agriculteurs eux-mêmes que pour les consommateurs de leurs productions ou la biodiversité ;
  • 2,1 tonnes eqCO₂ par an et par personne : c’est l’empreinte carbone moyenne de l’alimentation en France. Pas génial quand on sait que l’Accord de Paris fixe un objectif de 2 tonnes par personne pour l’ensemble des postes d’émissions… ;
  • Sur le podium. A l’échelle mondiale, l’alimentation est le 3ème secteur le plus émetteur de gaz à effet de serre après les transports (30 %) et le logement (23 %) ;
  • Il pèse lourd le bœuf. La palme des produits les plus carbonés revient à ceux d’origine animale et la viande rouge est très loin devant. Les aliments carnés composent moins de la moitié de notre assiette mais sont responsables de plus de 60% des émissions de GES de notre alimentation ;
  • Une assiette sur des roulettes. 20% de l’empreinte carbone de l’alimentation d’un individu est imputable aux transports nécessaires à l’acheminement des denrées du site de production, jusqu’aux magasins/commerces et enfin dans les habitations où elles seront consommées. De quoi questionner la résilience alimentaire des français.. ;
  • Pesticides au top. Les produits phytosanitaires épandus dans les champs sont l’un des principaux facteurs d’érosion de la biodiversité à l’échelle mondiale ;
  • Du blé contre des arbres. 90% de la déforestation mondiale est réalisée afin de créer de nouveaux espaces d’exploitation agricole ;
  • Végétaliser, localiser, manger de saison. Ces banalités répétées depuis des années sont pourtant l’une des clés d’un début de transformation de notre alimentation. Ajoutons à cela la nécessité de manger moins d’aliments transformés et nous avons ici la recette d’une diminution conjointe : des impacts négatifs sur l’environnement et sur la santé, d’une réimplantation de certaines cultures sur nos territoires, d’une possible hausse de salariés agricoles, etc. Ces aménagements doivent néanmoins être accompagnés et soutenus par les acteurs de la société (politiques, citoyens et entreprises). Cela ne se fera pas tout seul..

Explorez la carte de la pollution des eaux souterraines en Europe

Une carte qui refait surface. Courant 2024, le média Le monde publiait un article présentant le résultat d’un travail collaboratif mené avec plusieurs médias de référence en Europe. Baptisé « under the surface » (« sous la surface » en bon français) ce projet prend la forme d’une cartographie interactive qui permet à toute personne intéressée de consulter l’état déclaré des eaux souterraines des régions européennes où se trouvent des stations de surveillance de la qualité de l’eau. En voici quelques constats :

  • les molécules chimiques rejetées et donc présentes dans l’eau sont innombrables. En se basant sur des types de pollution « de référence » – sur lesquels des seuils de potabilité ont été définis – plus d’1/4 des 24 000 stations ayant servi à ce travail d’investigation ont enregistré au moins un dépassement de valeurs seuils liées à des contaminants surveillés par les autorités ;
  • Plus de 15%. C’est l’estimation des aquifères européens jugés « en mauvais état » soit par surexploitation soit par contamination chimique ou les deux ;
  • Des champs propres. Les pays les plus concernés par cette problématique sont des producteurs agricoles importants : la France, l’Espagne ou encore les Pays-Bas ;
  • Prévenir des risques dans un contexte de sécheresse récurrente. Ce travail de surveillance s’inscrit dans un moment où la demande en eau ne faiblit pas, y compris durant les périodes de déficit pluviométrique. Disposer d’une eau gérée durablement et saine est un enjeu de taille étant donné le contexte de changement climatique et de pollution des nappes phréatiques.

L’Université de Rouen prépare sa Semaine des Transitions !

📣 Parlons transition

A l’occasion de la semaine européenne du développement durable, l’Institut T.URN organisera la semaine des transitions de l’Université de Rouen Normandie (URN) du mardi 30 septembre au vendredi 3 octobre 2025. Les transitions environnementale et sociétale sont un marqueur fort de l’identité de l’URN, confirmé notamment par l’obtention du label DD&RS (CIRSES), c’est pourquoi ces 4 journées d’échange et de réflexion viendront clôturer la grande rentrée universitaire 2025-2026.

Cet évènement rassemblera les différentes parties prenantes de l’université à savoir les étudiants et les agents mais aussi ses partenaires. Les objectifs sont divers : évoquer et définir le sujet de la transition socio-écologique, expliquer comment les enjeux de développement durable influencent les missions et activités de l’établissement, sensibiliser et vulgariser les thématiques traitées et faire émerger de nouvelles initiatives.

Différents formats permettront d’appréhender les thématiques abordées : ateliers, jeux sérieux ou encore cycles de conférences. Nous aurons par ailleurs la chance de compter parmi nos intervenants des chercheurs reconnus, des acteurs de terrain, des élus locaux mais également certains agents de l’établissement qui viendront éclairer le public sur leurs missions du quotidien.

Pour en savoir plus sur l’évènement, n’hésitez pas à vous abonner à la page LinkedIn de l’Institut T.URN !

Recommandation de la semaine

Présentation de la chaine « La minute nature »

Vous avez toujours voulu identifier le chant des oiseaux ? Ou encore connaitre le nom des papillons qui volent à proximité de votre domicile ou de votre lieu de travail ? La chaine youtube « La minute nature » est donc faite pour vous !

Emmené par Julien Perrot, le fondateur du média « la Salamandre« , vous apprendrez au fil des vidéos à découvrir/redécouvrir la biodiversité de nos jardins, forêts et villes avec beaucoup de pédagogie et de calme. Le tout dans un format souvent court (en moins de 10 minutes). 

A consommer sans modération !

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