C'est pas demain la veille

#8 – « L’amour n’est rien d’autre que la suprême poésie de la nature ». Novalis

Comme toutes les deux semaines, l’Institut des Transitions de l’Université de Rouen Normandie (T.URN) vous propose une veille sur les sujets relatifs à la transition socio-écologique. Bonne lecture !

Climat : fait-il chaud ou froid pour la saison ? Comparez la météo du jour à l’historique des températures des dernières décennies

« Est-ce que la météo est malade ?« . C’est sensiblement pour répondre à cette question que FranceInfo et MétéoFrance ont produit un outil en ligne permettant de replacer la météo quotidienne dans le contexte du réchauffement climatique. Actualisé au quotidien selon les dernières estimations les plus précises, ce tableau de bord permet de comparer les températures actuelles à celles de la période de référence 1971-2000 et d’identifier simplement les anomalies chaudes ou froides lorsqu’il y en a. Voilà ce qu’il faut en savoir :

  • Une méthodologie reposant sur plusieurs outils. La France ayant des particularités géographiques spécifiques (comme le fait que le climat soit très différent dans les Départements et Régions d’Outre-Mer), l’indicateur national affiché repose donc sur plusieurs dizaines de stations réparties de façon homogène, considérées comme représentatives du climat métropolitain et d’Outre-Mer. L’ensemble des données mises à disposition proviennent des prévisions MétéoFrance ;
  • Une idée de comparaison. Les données montrent un accroissement net des journées anormalement chaudes. Sur les dix dernières années, près des deux tiers des journées en France ont été plus chaudes que la normale (environ 255 jours sur 365 en moyenne). A noter que l’année 2022 détient un record : plus de 80 % des jours y ont été plus chauds que la référence 1971-2000. Dans les Outre-Mer, le réchauffement est plus proche de la moyenne mondiale et moins rapide qu’en Europe, mais s’y combine avec une forte humidité qui augmente la température ressentie ;
  • Rendre visible l’ampleur du changement climatique à l’échelle nationale, régionale et locale. En contextualisant la météo du quotidien, l’idée est de rendre perceptible l’accélération des anomalies chaudes et la rareté croissante des journées froides. Cet outil doit aussi répondre à l’impératif de différencier les effets du changement climatique, qui se manifestent de diverses manières selon les régions. Dans certains cas, comme pour les Antilles françaises par exemple, les risques liés à la montée des eaux, aux cyclones ou encore aux sécheresses nécessiteront un travail d’anticipation propre à ces territoires. Percevoir l’anormalité des prévisions météo – malheureusement de plus en plus fréquente – doit permettre aux citoyens de s’emparer des problématiques d’adaptation et de réclamer des mesures à la hauteur des enjeux.
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% des jours de l'année 2022 ont été plus chauds que la référence 1971-2000

Pesticides « tueurs d’abeilles » : l’interdiction du principal néonicotinoïde a bénéficié aux populations d’oiseaux insectivores

« Moins d’usage de produits néonicotinoïdes conduit à une augmentation des populations d’oiseaux« . C’est la conclusion d’une étude publiée dans la revue Environmental Pollution. Voilà ce qu’il faut en retenir :

  • Contexte. Les chiffres ne sont pas vraiment réjouissants si l’on étudie l’évolution des populations d’oiseaux sur le territoire national ou dans le monde. Pour l’Europe, on estime qu’1/4 des espèces ont disparu en l’espace de 40 ans et ce chiffre flirte même avec les 60% si l’on se focalise sur les territoires agricoles. Intensification des cultures et usage de produits phytosanitaires ont grandement contribué à ce fort déclin ;
  • Une étude ciblée. Les chercheurs se sont concentrés sur trois produits en particulier et surtout sur l’imidaclopride. Depuis son interdiction en 2018, on constate quelques effets positifs en particulier chez les oiseaux insectivores : pour le merle et la fauvette, on recense une progression estimée à 2/3% (avant l’interdiction en 2018, les zones sans traitement à l’imidaclopride comptaient 12,7 % d’oiseaux insectivores de plus que les zones traitées, écart réduit à 9 % entre temps) ;
  • Une surveillance sur le temps long. La situation étant extrêmement préoccupante, les engagements de réduction d’utilisation de produits chimiques à des fins agricoles doivent tenir sur le long terme afin qu’une véritable progression soit constatée quant à la présence d’oiseaux tant dans les campagnes qu’ailleurs. C’est ce à quoi appellent les spécialistes comme l’agro-écologue Thomas PERROT. « Nos résultats suggèrent qu’il faudra plusieurs décennies pour que les populations d’oiseaux insectivores se rétablissent. Mais nous pensons que c’est normal, car des études sur d’autres pesticides comme le DDT montrent que la plupart des populations d’oiseaux mettent entre dix et vingt-cinq ans pour se rétablir complètement ». 
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% des oiseaux d'Europe ont disparu en 40 ans

Dossier ADEME – Comprendre l’impact du numérique

Vous voulez disposer des grands chiffres qui retracent l’impact environnemental du numérique ? Alors ce dossier de l’ADEME est fait pour vous. Dans les grandes lignes, on y rappelle :

  • au niveau mondial, le numérique c’est… :
    • 3,5% des émissions mondiales de GES (2,5% des émissions de la France) ;
    • 19 milliards d’objets connectés en 2019 : 48 milliards en 2025 selon les estimations ;
    • plus d’1 milliard de smartphone vendus en 2019 ;
    • 10 à 12 milliards de mails envoyés chaque heure dans le monde ;
  • quelques idées reçues :
    • « pour réduire l’impact environnemental, plutôt numérique ou papier..? » : ça dépend ! Il faut être conscient des transferts de pollution : les impacts du papier et des octets sont différents et un support n’est pas systématiquement moins impactant que l’autre. En revanche, du point de vue des ressources nécessaires pour la fabrication ou encore du recyclage… le numérique complexifie en grande partie nos affaires ;
  • quelques bons réflexes :
    • Adoptez les bonnes pratiques de la sobriété numérique grâce au programme Alt Impact. ;
  • des documents de référence.

Une assemblée citoyenne mondiale sur le climat pour redonner de la « crédibilité » aux COP

Une COP citoyenne (Global Citizens’ Assembly) pour répondre au désamour des COP (Conférences des Parties) ? Cette initiative mentionnée lors de la COP30 de Belem a pour objectif de redonner de la crédibilité à ce type d’instance qui a subi de nombreuses critiques ces dernières années. Voilà ce qu’il faut en retenir :

  • Portée par Iswe (une organisation internationale œuvrant pour une plus grande coopération citoyenne dans le monde), cette initiative ambitionne d’intégrer durablement une « voie citoyenne » dans le processus climatique global, en parallèle des négociations diplomatiques. Ces citoyens, tirés au sort, pourront délibérer sur le climat ou l’agriculture afin de faire remonter les voix du grand public dans les grandes décisions climatiques mondiales ;
  • 2026, année de démarrage. Une première assemblée mondiale réunira 105 personnes tirées au sort, issues de tous les continents, âges et catégories socioprofessionnelles afin d’assurer une diversité sociale et géographique. Parallèlement, des assemblées locales et nationales sont organisées dans de nombreux pays tout au long de l’année, permettant un large éventail de voix et d’expériences ;
  • L’engagement citoyen comme gage de confiance. Comme mentionné en préambule, les COP peinent parfois à convaincre l’opinion publique pour diverses raisons (désinformation, action de décrédibilisation des lobbies, sentiment d’impuissance, manque de participation citoyenne dans les processus, etc.). Par cette démarche transparait la volonté de « démocratiser les solutions » et donner une voix à ceux qui agissent concrètement. Cette nouvelle organisation est appelée « lobby citoyen » par les promoteurs de cette COP citoyenne ;
  • Éviter le piège de l’entre-soi. Parmi les défis existants, la pérennité de ces assemblées citoyennes et leur impact réel et durable ne sont pas négligeables. Est-ce que ces dernières resteront une expérience symbolique ou conduiront-elles à un de vrais changement de gouvernance ?

Tous responsables : un guide pour mieux faire face aux risques

Une population informée est une population mieux préparée. Suivant la vague constatée dans les pays scandinaves ces dernières années, le gouvernement a publié ces dernières jours un guide pratique afin de prévenir la population à certains risques majeurs qui pourraient concerner le pays à l’avenir. Voici ce qu’il faut en retenir :

  • Un contexte de crises et de polycrise possibles. Parmi les grands risques cités dans ce document, on retrouve plusieurs typologies : risques géopolitiques (guerres, cyberattaques), risques environnementaux (inondations, tempêtes) ou risques sanitaires (pandémies). Concernant ces dernières, le document œuvre principalement à trois choses : les risques existants et la préparation qui peut être faite en amont ; les bons réflexes à adopter ; la façon dont on peut se mobiliser ;
    • Sur la préparation : le document recommande notamment à chacune et chacun de constituer un kit (eau, nourriture, médicaments, radio, etc.) qui pourrait servir en cas de situation imprévue. Ces recommandations concernent des besoins basiques : boire et mange, avoir chaud, pouvoir se soigner ;
    • Sur les bons comportements à développer face aux risques : des conseils sont prodigués pour chaque typologie de risques. Évidemment, qu’il s’agisse de risques naturels, industriels, sanitaires ou militaires, les actions à penser au préalable ne sont pas de même nature. En fonction de différents scénarios, ce livret oriente les citoyens vers différents préparatifs en rappelant les services étatiques dédiés (géorisques, MétéoFrance, vigipirate, Pharos, etc.) ;
    • développer une résilience collective : cette partie concerne davantage les personnes voulant s’engager dans des associations, organisations publiques ou corps d’État œuvrant sur le sujet.

Fin de novembre à LOVELO

Entre la mi-octobre et la mi-novembre, l’Institut des Transitions de l’Université de Rouen Normandie (T.URN) organisait des prêts de LOVELO (vélos à assistance électrique, habituellement proposés en location longue durée par l’opérateur LOVELO) pour les personnels de l’université. Dans la continuité de la semaine des transitions de l’université, ce dispositif permettait aux agents volontaires d’expérimenter la mobilité douce au quotidien.

Et comme chaque année, les retours ont été très positifs.

A ce propos, voici le témoignage transmis par Mathieu BAUM, gestionnaire administratif et financier au laboratoire LITIS.

« Je tenais à remercier l’Institut T.URN pour ses initiatives.
Suite à vos différentes communications, je me suis laissé tenter et je loue un LOVELO depuis avril dernier. Depuis, je l’utilise à 100 % pour mes trajets “vélotaf” ainsi que pour mes petites courses de proximité. Je me surprends moi-même à y prendre autant de plaisir, au point de scruter la météo pour passer entre les gouttes et privilégier le vélo autant que possible.
Cela me permet de faire un peu moins de deux heures de vélo par jour, soit environ 30 km quotidiens, et j’en suis ravi !
Merci encore pour cette belle initiative qui favorise une mobilité plus douce et agréable. »

Un grand merci à Mathieu BAUM pour son enthousiasme ! 

3e Journée nationale de la transition écologique pour un développement soutenable dans l’ESR

La 3e Journée nationale de la transition écologique dans l’Enseignement supérieur et la Recherche (ESR) réunira, le 10 décembre prochain, responsables institutionnels, chercheurs et acteurs académiques pour dresser un état des lieux des actions menées en matière de transition écologique. Organisée dans la continuité des éditions 2022 et 2023, elle marque surtout le lancement de la préparation de la nouvelle version du plan « Climat/Biodiversité et Transition écologique » de l’ESR.

La journée s’ouvrira avec des interventions institutionnelles suivies d’une conférence majeure de Valérie Masson-Delmotte, centrée sur la relance de l’action climatique face à l’aggravation des impacts.

Trois tables rondes structurent l’événement :

  • Table ronde 1 : Déploiement du schéma directeur DDRSE
    Présentations de plusieurs universités et organismes nationaux (INSA Lyon, INRAE…) sur la mise en œuvre des stratégies et plans d’action de développement durable dans les établissements.

  • Table ronde 2 : Mobilisation de la recherche pour la transition écologique
    Interventions du CNRS, d’universitaires et d’ingénieurs pour montrer comment la recherche produit connaissances et solutions, notamment via des programmes structurants comme les PEPR.

  • Table ronde 3 : Avancement de la formation à la transition écologique (TEDS)
    Trois ans après le discours fondateur de Bordeaux qu’en est-il ? : intégration progressive des enjeux socio-écologiques dans les formations, dynamique inter-établissements et défis persistants.

La journée se clôt par une synthèse stratégique visant à définir les ambitions du futur plan national « Climat, biodiversité et transition écologique de l’ESR », portée par les directions générales de l’enseignement supérieur (DGESIP) et de la recherche (DGRI).

A l’occasion de cet évènement, l’URN sera représentée par son Vice-Président DD&RS Julien REVEILLON, qui dressera l’état d’avancement de notre établissement en matière de transition socio-écologique. 

Rencontres Climat et multirisque

La semaine dernière avait lieu la première édition des Rencontres Climat et Multirisques, organisée dans le cadre du projet TRANSITION France 2030 (ANR-23-EXES-0013) par l’Université de Rouen Normandie.

Environ 120 personnes étaient réunies au sein de la Maison de l’Université de Rouen Normandie pour 2 jours et demi autour d’une thématique : les risques et multirisques liés au changement climatique en Normandie.

Ces Rencontres ont rassemblé des enseignants-chercheurs de disciplines variées, issus de 18 laboratoires de recherche de l’Université de Rouen Normandie, de l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture, de l’INSA Rouen Normandie, mais aussi de l’Université Côte d’Azur (merci Erwin FRANQUET !), et des acteurs incontournables du territoire afin d’échanger sur les impacts du changement climatique en termes de risques en cascade ou multirisques.

Deux tables rondes ont permis de franchir la frontière du monde universitaire pour dialoguer autour des enjeux et des besoins en vallée de Seine : Métropole Rouen Normandie, Le Havre Seine Métropole, Rives en Seine, Caux Seine agglo, Transdev, RTE Réseau de Transport d’Electricité, HAROPA PORT, ADEME.

Un grand merci à tous les participants qui se sont mobilisés pour faire de cette première édition une belle réussite ! Le rendez-vous est donné pour la deuxième édition en 2026 !

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