C'est pas demain la veille

C’est pas demain la veille – 26/02/2025

Comme toutes les deux semaines, l’Institut des Transitions de l’Université de Rouen Normandie (T.URN) vous propose une veille sur les sujets relatifs à la transition socio-écologique. Bonne lecture !

Sortie de la plateforme « comprendre2050 »

Afin de donner une meilleure visibilité des travaux de prospective réalisés depuis 2020, l’ADEME, RTE, négaWatt, et le Shift Project ont designé et mis en ligne une plateforme nommée « comprendre2050 ». Voici ses objectifs :

  • issu d’une collaboration inĂ©dite, ce site fournit des Ă©lĂ©ments de comprĂ©hension et de vulgarisation Ă  propos des plans touchant aux enjeux environnementaux, Ă©nergĂ©tiques et climatiques ;
  • ce travail de « dĂ©cryptage » cumule et prĂ©sente une quantitĂ© assez importante de scĂ©narios de transition Ă  horizon 2050 comme : les futurs Ă©nergĂ©tiques 2050 de RTE, le scĂ©nario nĂ©gaWatt proposĂ© en 2022, les transition(s) 2050 de l’ADEME, le Plan de Transformation de l’Economie Française du Shift Project, ou encore la StratĂ©gie nationale bas carbone ;
  • chacun des scĂ©narios prĂ©sentĂ©s est abordĂ© sous le prisme de la faisabilitĂ© technique et physique. Afin de dresser un chemin cohĂ©rent et faisable vers la « neutralitĂ© carbone », le rĂ´le de chacun des acteurs est prĂ©cisĂ© afin de permettre une projection plus aisĂ©e ;
  • ouvert Ă  tous, ce site s’adresse plus particulièrement aux institutionnels, aux dĂ©cideurs et acteurs de la sociĂ©tĂ© civile.

« Toutes les crises sont connectĂ©es entre elles » selon l’IPBES

Le 17 septembre dernier, la plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) a rendu sa dernière copie appelée « Nexus ». Dans cette dernière, des liens clairs ont été établis entre les crises environnementales, économiques et sociales. Voilà ce qu’il faut en retenir :

  • une première Ă©valuation de l’état de santĂ© de la biodiversitĂ© mondiale a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e en 2019. Ce deuxième rapport fut rĂ©alisĂ© grâce Ă  la collaboration de 165 experts internationaux ;
  • les menaces s’alimentent les unes les autres et se renforcent : l’effondrement de la biodiversitĂ© par exemple a des effets directs sur l’accentuation des occurrences des pĂ©nuries d’eau et alimentaires, des pandĂ©mies mondiales et de l’aggravation de la dĂ©rive climatique ;
  • restaurer la biodiversitĂ© et les Ă©cosystèmes est un axe primordial qui doit transparaitre dans les politiques actuelles et futures. Limiter l’usage des produits phytosanitaires, recrĂ©er et protĂ©ger les zones humides, ou encore favoriser la captation de l’eau par les sols doivent ĂŞtre des prioritĂ©s ;
  • le 18 aoĂ»t 2024, le règlement sur la restauration de la nature est entrĂ© en vigueur. Il mentionne des objectifs ambitieux : remettre en bon Ă©tat, d’ici Ă  2030, au moins 30% de certains habitats spĂ©cifiques en mauvais Ă©tat, puis 60% de ces habitats en mauvais Ă©tat d’ici Ă  2040 et 90% d’ici Ă  2050.

« Le numérique représente 40 % du budget annuel soutenable d’une personne »

GreenIT est une association française pionnière sur le sujet du numérique responsable. Fondée en 2022 sur des réseaux existants depuis 2004, elle tente de fournir à la société civile son expertise technique pour l’aider à orienter le numérique vers des pratiques ayant le moins d’impacts délétères pour l’environnement. Elle a publié en 2025 une étude sur l’impact environnemental du numérique à l’échelle mondiale. Voici ce qu’il faut en retenir :

  • si le numĂ©rique Ă©tait un pays, il Ă©mettrait 5.5 fois plus d’émissions de GES que la France ;
  • on dĂ©comptait en 2023 cinq milliards d’internautes sur la planète, soit une hausse de 30% en quatre ans. Ces internautes dĂ©tiennent en moyenne six Ă©quipements connectĂ©s, smartphone, ordinateur, enceintes ou tĂ©lĂ©viseurs ;
  • l’intelligence artificielle reprĂ©sente Ă  elle seule presque 5% des Ă©missions du numĂ©rique ;
  • le nombre d’objets connectĂ©s a Ă©tĂ© multipliĂ© par 15 entre 2010 et 2023. On peut imputer Ă  ces derniers 10% de l’électricitĂ© mondiale consommĂ©e par le secteur du numĂ©rique ;
  • si on prend le seul cas des tĂ©lĂ©viseurs, ils reprĂ©sentent Ă  eux seuls 25% de l’épuisement des ressources minĂ©raux et mĂ©taux de l’ensemble du secteur du numĂ©rique ;
  • parmi les impacts les plus lourds du secteur, c’est l’utilisation des ressources, minerais et mĂ©taux qui est le plus fort devant les Ă©missions de GES ;
  • les recommandations et prĂ©cautions avancĂ©es par l’association portent sur les rĂ©flexions qui doivent avoir impĂ©rativement lieu sur l’usage et des objets connectĂ©s et de l’intelligence artificielle dont les impacts environnementaux sont exponentiels.

La tentative suisse de légiférer sur les limites planétaires

Le 9 février dernier, les citoyens suisses étaient invités à s’exprimer au sujet d’une initiative populaire nommée « pour une économie respectant les limites planétaires ». Initiative unique portée par le parti suisse les « Jeunes Vert.e.x.s », voici ce que contenait ce texte :

  • l’encadrement des activitĂ©s Ă©conomiques suisses dans les limites biophysiques du territoire. De sorte Ă  ne plus ĂŞtre concernĂ©, au niveau national, par « le jour du dĂ©passement » ;
  • les enjeux sont de taille car, selon un rapport Greenpeace, la Suisse dĂ©passe 19 fois le seuil « des limites planĂ©taires en ce qui concerne le climat (Ă©missions de CO2) et 3,8 fois pour la perte de biodiversité » ;
  • les rĂ©actions Ă  cette initiative ont Ă©tĂ© nombreuses, les citoyens craignant des atteintes fortes Ă  l’économie suisse pouvant engendrer une dĂ©gradation des conditions de vie des populations.

La proposition a été rejetée à presque 70% par les votants des 26 cantons. Néanmoins, la nouveauté de la démarche est à saluer. De plus, plusieurs élus ont signalé que ce non n’était pas « un “non” à la protection de l’environnement » comme en témoignait Albert Rösti, conseiller fédéral en charge de l’environnement. Le résultat du vote n’en a pas pour autant découragé les organisations écologistes suisses, bien décidées à inscrire le concept des limites planétaires dans la Constitution.

Cartographie prospective 2025 de l’assurance

C’était un rapport attendu à la vue du contexte global. La cartographie prospective 2025 de l’assurance a été réalisée par la commission d’analyse des risques de France Assureurs sur la base de témoignages et constats des dirigeants de la profession. Voici quelques éléments marquants que l’on peut retrouver dans ce document :

  • le questionnaire transmis aux experts du monde assurantiel les invitait Ă  s’exprimer Ă  propos de trois thĂ©matiques : l’identification des menaces Ă©mergentes, l’identification des dĂ©fis pour le secteur et l’identification des trois principaux risques pour la sociĂ©tĂ© française ;
  • parmi les grands risques identifiĂ©s pour les entreprises d’assurance et donc pour le système assurantiel français, sont mis en avant les cyberattaques et le changement climatique ;
  • concernant les principales menaces pour la sociĂ©tĂ© française d’après les assureurs, le changement climatique et les inĂ©galitĂ©s sociales figurent parmi les premiers risques ;
  • l’une des principales menaces liĂ©es au risque changement climatique est la possible inassurabilitĂ© des actifs, biens et infrastructures ;
  • depuis le dĂ©but de l’annĂ©e 2025 plus de 1500 communes sont concernĂ©es par un dĂ©faut d’assurance ou une hausse exponentielle des tarifs d’assurance ;
  • l’un des grands questionnements qui transparait dans ce rapport est le suivant : comment continuer Ă  couvrir certains risques dont l’accroissement des dommages vient pĂ©naliser l’équilibre technique d’autres risques ?

Organisation d’une collecte de dĂ©chets avec le BDE LSH

Le 11 février dernier, à l’initiative du BDE Lettres et Sciences Humaines (LSH), une collecte de déchets était organisée sur le campus de Mont-Saint-Aignan. Cet évènement s’est déroulé en deux parties :

  • un atelier collaboratif d’une heure ;
  • une balade de « ramassage » de presque deux heures.

Cette démarche visait à diffuser de l’information sur la thématique (les ordres de grandeur sur la production de déchets, les dispositifs existants au niveau local, etc.) dans un cadre convivial. Pour la seconde partie de l’après-midi, le matériel de collecte a été prêté par l’Institut TURN et une petite dizaine de sacs poubelles ont été remplis à l’issue de cette opération. Une bonne occasion de vérifier, par la pratique, que salubrité et qualité de vie étudiante vont de pair.

Merci aux participantes et aux participants !

Coalition du numérique responsable

Dans le contexte de la COP21, les entreprises, les écoles de l’enseignement supérieur, les collectivités et administrations ont la possibilité de bénéficier d’un accompagnement opérationnel spécialement conçu pour lutter contre le réchauffement climatique en se focalisant sur le numérique.

L’Université de Rouen Normandie va participer à la 4ème promotion du parcours de la « Coalition du Numérique Responsable » organisée par la Métropole de Rouen ou l’ADEME. Représentant environ 2% des émissions de GES à l’échelle nationale, le numérique pourrait atteindre les 7% d’ici 2040. Ainsi, afin de poursuivre la volonté d’établissement de limiter le plus possible les impacts du numérique, le choix a été fait d’intégrer ce parcours.

Les Jeudis T.URN

Tous les premiers jeudis du mois, sur la pause méridienne, l’équipe de l’Institut T.URN vous propose de découvrir une de ses thématiques de travail.

La prochaine session aura lieu le jeudi 6 mars de 12h15 à 13h15 à l’Atelier (MDU) et portera sur le sujet « crise écologique et colonialisme » avec Patrick Suter comme invité. Ce dernier est professeur de littératures de langue française contemporaines à l’Université de Berne et écrivain. Ses champs de recherche comprennent les relations entre presse et littérature, les avant-gardes, l’interculturalité et les frontières, ainsi que la relation entre art, culture et écologie.

Recommandation de la semaine

Podcast : SISMIQUE

« Le monde change et on y comprend rien ». C’est ainsi que démarre la présentation de ce podcast qui met en lumière « celles et ceux qui pensent la complexité du monde, qui explorent les forces à l’œuvre et leurs enjeux, qui sont déjà dans l’action pour préparer demain, celles et ceux qui peuvent nous aider à trouver des débuts de réponses à ces questions essentielles… pour nous aider à agir en conscience ».

Julien Devaureix, le créateur de ce podcast, a réalisé plus de 150 épisodes en 6 ans. Il a donné la parole à de nombreux acteurs travaillant sur le sujet de la transition écologique, tant enseignant que chercheur, décideur ou militant. Des épisodes souvent pointus à écouter sans modération.

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