C'est pas demain la veille

#1 – « Tout est bien sortant des mains de la nature ». J.-J. Rousseau

Comme toutes les deux semaines, l’Institut des Transitions de l’Université de Rouen Normandie (T.URN) vous propose une veille sur les sujets relatifs à la transition socio-écologique. Bonne lecture !

Le gouvernement lance un nouveau plan national d’adaptation au changement climatique

Il Ă©tait attendu. Le Plan National d’Adaptation au Changement Climatique (PNACC) – version 3 – est sorti lundi 10 mars. La raison de son existence tient Ă  la formule popularisĂ©e par Christophe BĂ©chu, ancien ministre de la Transition Ă©cologique et de la CohĂ©sion des territoires, « prĂ©parer la France Ă  +4 degrĂ©s d’ici la fin du siècle ». VoilĂ  ce qu’il faut en retenir :

  • ce nouveau plan est composĂ© de 52 mesures. Ces mesures sont organisĂ©es de façon Ă  couvrir tous les champs concernĂ©s par d’Ă©ventuels impacts liĂ©s au changement climatique. Elles sont rattachĂ©es Ă  plus de 200 actions censĂ©es permettre une mise en application rĂ©elle du plan d’adaptation Ă  court, moyen et long termes ;
  • ce plan se territorialise. Dans chaque prĂ©fecture, un « rĂ©fĂ©rent adaptation » sera nommĂ© afin de permettre Ă  une mission « adaptation » d’exister et de questionner les problĂ©matiques propres aux diffĂ©rents territoires français ;
  • au niveau des financements censĂ©s permettre Ă  ce plan de prendre vie, on peut compter : le plan Barnier (300 millions d’euros pour 2025), le fonds vert (260 millions d’euros de crĂ©dits consacrĂ©s Ă  l’adaptation), les financements accordĂ©s Ă  l’agence de l’eau (1 milliard d’euros, dont 40% seront tournĂ©s vers les solutions fondĂ©es sur la nature) et un fonds dĂ©diĂ© Ă  la prĂ©vention du retrait-gonflement des argiles (30 millions d’euros).

MalgrĂ© l’enthousiasme du gouvernement autour de cette annonce, le Haut Conseil pour le Climat (HCC) a rĂ©agi dans un avis aux propositions contenues par le PNACC. Parmi les failles recensĂ©es par le HCC : la faiblesse juridique du texte (n’Ă©tant rĂ©gi par aucune loi) et des actions peu impactantes et trop peu nombreuses. ÉlĂ©ment Ă©galement pointĂ© par le conseil : la baisse de dotation du fonds vert n’est Ă  aucun moment mentionnĂ©e (1.15 milliard en 2025 contre 2.5 en 2024). Jean-François Soussana -prĂ©sident du HCC – conclut : « la France n’est pas encore prĂŞte Ă  faire face aux consĂ©quences du changement climatique ».

Lancement du Fonds vert 2025 : pour financer la planification écologique et les investissements durables dans nos territoires

Quels liens entre le fonds vert et la biodiversitĂ© ? PrĂ©sentĂ© dans l’encart ci-dessus, les budgets du fonds vert concernent Ă©galement des projets et initiatives en rapport avec la biodiversitĂ©. On peut compter 6 mesures principales Ă  ce sujet :

  • mieux connaitre et mobiliser pour la biodiversitĂ© : le financement d’un atlas de la biodiversitĂ© communale (ABC) permet de mieux apprĂ©hender les espaces naturels des territoires. L’atlas une fois constituĂ© fournit une aide prĂ©cieuse aux collectivitĂ©s ou structures intercommunales afin de sensibiliser les habitants aux enjeux de prĂ©servation et de valorisation du patrimoine naturel ;
  • protĂ©ger et restaurer les espaces naturels : cette mesure est dĂ©ployĂ©e autour de deux grands objectifs. CrĂ©er, Ă©tendre et gĂ©rer des aires protĂ©gĂ©es qui devront ĂŞtre structurĂ©es par la StratĂ©gie nationale des aires protĂ©gĂ©es (SNAP) ; la restauration des Ă©cosystèmes terrestres et marins dĂ©gradĂ©s ;
  • rĂ©duire les pressions sur la biodiversitĂ© des territoires : ceci devant s’organiser autour des plans nationaux d’action (PNA) pour la conservation et la restauration d’espèces menacĂ©es et plans assimilĂ©s, de la protection des insectes pollinisateurs, le rĂ©tablissement des continuitĂ©s Ă©cologiques, la lutte contre les espèces exotiques envahissantes (article expliquant comment ce sujet est travaillĂ© Ă  l’UniversitĂ© de Rouen Normandie) ;
  • renaturer les villes et les villages : accentuer la prĂ©sence de la nature en ville grâce Ă  la renaturation des sols et espaces urbains, accentuer la prĂ©sence de l’eau et des milieux aquatiques en ville, vĂ©gĂ©taliser les habitations et bâtiments publics ;
  • recycler les friches : le fonds vert est complĂ©mentaire au fonds friche dans la mesure oĂą il incite au recyclage des friches existantes ;
  • moderniser l’Ă©clairage public : afin de rĂ©duire les nuisances Ă  l’environnement notamment liĂ©es Ă  l’Ă©clairage, ce fonds tente d’agir sur trois axes : amĂ©liorer la santĂ© humaine, la santĂ© des Ă©cosystèmes et espèces impactĂ©es par la pollution lumineuse et rĂ©duire la consommation d’Ă©nergie liĂ©e Ă  l’Ă©clairage.

Le Shift Project publie son rapport intermĂ©diaire sur l’IA : « Intelligence artificielle, donnĂ©es, calculs : quelles infrastructures dans un monde dĂ©carbonĂ© ? »

Après s’ĂŞtre intĂ©ressĂ© aux rĂ©seaux mobile et satellite, le Shift Project se penche cette fois sur les centres de donnĂ©es et les capacitĂ©s de calcul permises par ces derniers. Tout ce qui permet Ă  l’Intelligence Artificielle (IA) d’exister ainsi qu’une panoplie d’outils qui se basent sur cette technologie. Dans ce rapport intermĂ©diaire – qui appelle Ă  des relectures et remarques, notamment de la part du monde de l’Enseignement SupĂ©rieur et de la Recherche ! – le Shift Project pointe quelques grands constats et enjeux :

  • avec l’arrivĂ©e de l’IA gĂ©nĂ©rative courant 2022, les infrastructures de stockage et traitement de donnĂ©es ont connu une croissance exponentielle. L’appĂ©tit de ces technologies est sans limite et plus l’on se projette dans une amĂ©lioration continue de ces outils, plus la quantitĂ© de donnĂ©es gĂ©nĂ©rĂ©es augmente ;
  • l’utilisation de ces technologies amène une augmentation de la consommation d’Ă©nergie et une hausse des Ă©missions de GES des grands acteurs du numĂ©rique. Ce problème est tel que la plupart des acteurs clĂ©s du secteur remettent en question leurs engagements climatiques (fixĂ©s par le rĂ©fĂ©rentiel du Science Based Targets Initiative (SBTI)) ;
  • les promesses de l’IA risquent très fortement de concurrencer les enjeux de dĂ©carbonation des autres secteurs – stratĂ©giques – mais aussi d’augmenter substantiellement la demande mondiale en ressources, minières notamment. Et ce pour satisfaire les besoins liĂ©s Ă  la crĂ©ation de nouveaux terminaux adaptĂ©s comme des smartphones ou objets connectĂ©s toujours plus puissants.

En guise de conclusion, le Shift Project insiste – Ă  l’image de l’ADEME – sur la nĂ©cessitĂ© de rĂ©flĂ©chir au degrĂ© de pertinence du dĂ©ploiement de ces technologies. Dans un contexte de contraintes Ă©nergĂ©tiques, de dĂ©rive climatique, d’Ă©puisement des ressources et de financement parfois difficile, il convient d’Ă©tablir un ordre des prioritĂ©s sur les amĂ©nagements qui devront ĂŞtre faits ou non. L’IA ne devra pas Ă©chapper Ă  cette règle.

Jouer pour mieux décarboner la mobilité territoriale

Passer d’un territoire automobile Ă  un territoire Ă  mobilitĂ© douce en s’amusant. C’est ainsi que l’ADEME prĂ©sente deux jeux pĂ©dagogiques dits « serious game » visant Ă  aborder les enjeux de transformation de nos modes de dĂ©placement au quotidien. Parce que les transports reprĂ©sentent environ 30% des Ă©missions de GES en France, il est impĂ©ratif d’impliquer – par le jeu notamment – les citoyens dans ces rĂ©flexions.

  • MOBILIMIX : comment passer d’une vallĂ©e favorisant l’automobile et dangereuse pour la marche ou le vĂ©lo, Ă  un territoire amĂ©nagĂ© pour rĂ©pondre aux besoins des habitants et favorisant le report modal (passer facilement du vĂ©lo au bus puis Ă  la marche) ? C’est tout l’enjeu de ce jeu collaboratif oĂą s’affrontent deux Ă©quipes. Chacune devant mettre en place des amĂ©nagements adaptĂ©s Ă  la mobilitĂ© douce et sĂ©curiser les trajets hors voiture afin d’inciter la collectivitĂ© Ă  s’en emparer. Cette activitĂ© a surtout Ă©tĂ© pensĂ©e pour les territoires pĂ©ri-urbains ;
  • PLAY-MOBILE : un jeu pour les Ă©lus de zone urbaine. A chaque tour du jeu, chaque participant doit Ă©valuer la dangerositĂ© et la praticabilitĂ© des rues pour chaque mode de dĂ©placement (voiture, vĂ©lo, marche, etc.). Des discussions doivent ĂŞtre entamĂ©es et idĂ©alement permettre une diminution de la congestion ainsi que de la pollution et des nuisances gĂ©nĂ©rĂ©es par l’usage de la voiture individuelle.

Découvrez Climatokoi ?! un jeu pour clouer le bec des climatosceptiques

L’équipe de l’Institut T.URN est fière de vous présenter Climatokoi ?!, un jeu développé en interne depuis plusieurs mois, qui vous pousse à construire des argumentaires précis face à des contenus climatosceptiques.

Nombreux sont ceux qui ont dû faire face à une réflexion climatosceptique, rares sont ceux qui se sont sentis fiers de leur réponse. Face à ce constat, Climatokoi ?! propose un cadre ludique et scientifiquement sourcé afin de rôder ses arguments, et convaincre au mieux ses interlocuteurs de l’urgence d’agir.

Chaque tour, un Attaquant va défier les autres joueurs d’une tirade climatosceptique. Grâce à une sélection d’argument scientifiques, co-bénéfices, émotions, inspirations et citations, les joueurs devront trouver les meilleurs usages pour chacune de leurs cartes, afin de convaincre l’Attaquant d’agir pour la transition écologique !

Vous souhaitez découvrir ce jeu ? Contactez-nous à l’adresse suivante, afin d’organiser une session ludique, auprès d’étudiants ou de personnels : ateliers.turn@univ-rouen.fr

« Stand up for Science » : l’URN se mobilise pour la science

Ce vendredi 7 mars, Franck Le Derf, Président de l’Université de Rouen Normandie, et Beatrice PATTE-ROULAND, Vice-Présidente, ont pris part à la conférence de presse « Soutien aux sciences et à la recherche » organisée par la Métropole Rouen Normandie.
Un engagement fort en solidarité avec le mouvement Stand Up for Science, face aux attaques sans précédent contre les libertés académiques.

Aux côtés de Nicolas Mayer-Rossignol (Président de la Métropole), Abdelkrim Marchani (Vice-Président), Mourad A. Boukhalfa (Directeur de l’INSA Rouen Normandie), et Benoit Laignel (Professeur à l’URN et Président du GIEC métropolitain), Franck Le Derf a réaffirmé des principes fondamentaux : la liberté académique, la rigueur scientifique, l’indépendance vis-à-vis des pressions politiques et économiques, et l’intégrité intellectuelle.
« La recherche ne s’accommode ni de dogmes, ni d’injonctions extérieures. C’est grâce à cette exigence que nous avons fait progresser la médecine, la technologie, les sciences humaines et sociales, et que nous continuerons à relever les défis du futur. »

Dans cet esprit, l’UniversitĂ© de Rouen Normandie rĂ©affirme son engagement Ă  soutenir la communautĂ© scientifique internationale et se tient prĂŞte Ă  accueillir les chercheurs et Ă©tudiants touchĂ©s par ces menaces, comme elle l’a dĂ©jĂ  fait par le passĂ© pour d’autres pays.

Animation alimentation au CROUS de Mont-Saint-Aignan

Mardi 1er avril sera organisĂ© au restaurant universitaire du CROUS de Mont-Saint-Aignan un atelier sur l’alimentation. Ce dernier visera Ă  sensibiliser les Ă©tudiants prĂ©sents Ă  plusieurs enjeux :

  • le gaspillage alimentaire : rappel de grands chiffres sur la problĂ©matique (8,8 millions de tonnes de dĂ©chets alimentaires produits en 2021), puis dĂ©finition du concept et enfin Ă©vocation des consĂ©quences plurielles (socialement parlant, sur l’environnement, l’agriculture, ou encore la ressource en eau) ;
  • l’alimentation durable : ensemble des pratiques alimentaires qui visent Ă  nourrir les ĂŞtres humains en qualitĂ© et en quantitĂ© suffisante, aujourd’hui et demain, dans le respect de l’environnement, en Ă©tant accessibles Ă©conomiquement et rĂ©munĂ©ratrices sur l’ensemble de la chaĂ®ne alimentaire ;
  • pour une alimentation saine : vĂ©gĂ©taliser son alimentation c’est rĂ©duire la pression sur les Ă©cosystèmes engendrĂ©e par le système agricole productiviste ou encore diminuer les risques de maladie cardiovasculaires ;
  • la solidaritĂ© alimentaire : recensement des activitĂ©s et dispositifs d’aides alimentaires pour les Ă©tudiants prĂ©caires.

Cette animation proposera notamment un quiz, de la documentation sur la thĂ©matique, des affiches seront mises en place afin de diffuser de l’information et ainsi rappeler les ordres de grandeur liĂ©s Ă  notre façon de nous alimenter. Des changements importants peuvent ĂŞtre rĂ©alisĂ©s Ă  partir de notre assiette et c’est par ce raisonnement que les animateurs tenteront de sensibiliser le public prĂ©sent.

Recommandation de la semaine

La newsletter bimensuelle qui vous donne des nouvelles du Vivant !

Elle est de retour ! La newsletter éponyme du site de la Corneille revient pour nous informer sur les actualités en rapport avec la biodiversité mais pas que.

Pour rappel, les trois objectifs de l’organisation sont les suivants :

  • Ă©clairer : en sĂ©lectionnant une information rigoureuse sur les enjeux liĂ©s Ă  la prĂ©servation de la biodiversitĂ© ;
  • inciter Ă  l’Ă©merveillement : dĂ©montrer la beautĂ© des Ă©cosystèmes afin de susciter un engouement sans limite. La Corneille, c’est aussi ça : dĂ©montrer la fascinante complexitĂ© de la nature « du quotidien » ;
  • favoriser le passage Ă  l’action : fournir des conseils et cas pratiques de « rĂ©ensauvagement » domestique. Faire revenir les insectes dans son jardin ? S’engager dans une association ? Comment protĂ©ger le vivant par mille et une façons ?

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