C'est pas demain la veille

#2 – « Nature peut tout et fait tout ». Montaigne

Comme toutes les deux semaines, l’Institut des Transitions de l’Université de Rouen Normandie (T.URN) vous propose une veille sur les sujets relatifs à la transition socio-écologique. Bonne lecture !

Vous voulez « compenser » votre vol en avion par des écogestes ? Voici combien de temps cela vous prendra

Dans un article récent du Monde, on apprenait que le trafic aérien avait quasiment retrouvé son niveau pré-COVID. Soit 178 millions de personnes qui ont fréquenté les aéroports français en 2024. Et selon plusieurs sondages réalisés (par l’IPSOS notamment), l’avion ressort comme le deuxième mode de transport favori des sondés, âgés de 18 à 34 ans.

C’est un fait : savoir qu’un changement climatique est en cours et que ce dernier est engendré/amplifié par les activités humaines (qui s’appuient sur la combustion des énergies fossiles) ne suffit pas à nous empêcher collectivement d’avoir des pratiques et usages hautement émissifs en termes de CO2. Depuis quelques temps, l’argument de la « compensation » est régulièrement évoqué afin de retirer tout sentiment de culpabilité chez les passagers mais aussi pour les inciter à avoir recours plus encore à l’avion pour se déplacer. Le journal Le Monde a mis en ligne une « calculette à compensation » qui permet de savoir précisément combien d’années de tri des déchets, de baisse de chauffage ou encore de repas végétariens étaient nécessaires pour contrebalancer les émissions de CO2 liées à un vol vers une destination précise. Le point départ est bien évidemment Paris, voici quelques exemples :

  • dans le cadre d’un Paris – Athènes (4 222 km, 971 kilos d’émissions CO2 équivalent par passager), il faudrait pour compenser les émissions de GES liées :
    • diminuer son chauffage pendant 8 années et 1 mois ;
    • manger végétarien pendant 2 années et 1 mois ;
    • ne plus prendre sa voiture pendant 6 mois.
  • dans le cadre d’un Paris – Tokyo (19 460 km, 4.5 tonnes d’émissions CO2 équivalent par passager) il faudrait pour compenser les émissions de GES liées :
    • diminuer son chauffage pendant 37 années et 3 mois ;
    • manger végétarien pendant 9 années et 7 mois ;
    • ne plus prendre sa voiture pendant 2 années et 2 mois.
  • dans le cadre d’un Paris – New-York (11 700 km, 2.7 tonnes d’émissions CO2 équivalent par passager) il faudrait pour compenser les émissions de GES liées :
    • diminuer son chauffage pendant 22 années et 6 mois ;
    • manger végétarien pendant 5 années et 9 mois ;
    • ne plus prendre sa voiture pendant 1 année et 3 mois.

Congrès mondial de la nature 2025 : 45 recommandations de la France pour répondre aux enjeux mondiaux de la biodiversité

Du 9 au 15 octobre 2025 aura lieu le Congrès Mondial de la Nature à Abu Dhabi. Cet évènement, organisé par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), est l’une des rencontres majeures au niveau international et permet de discuter et définir des engagements sur différents plans comme l’eau, la biodiversité ou encore les technologies utilisées pour préserver les écosystèmes. Voici quelques éléments relatifs à la prochaine réunion prévue en octobre et sur ces congrès :

  • le Comité français de l’UICN a proposé 32 motions rédigées notamment par de grandes institutions françaises comme l’Office Français de la Biodiversité. Ces motions seront proposées pour adoption au prochain congrès avec pour objectif d’enrayer l’effondrement de la biodiversité ;
  • l’UICN est la plus grande organisation « environnementale » mondiale et c’est aussi la seule à disposer d’un statut d’observateur à l’ONU ;
  • parmi les grandes actions ou engagements qui ont découlé de ces réunions, on peut notamment citer : la définition des bases de la Convention sur le commerce international des espèces menacées (CITES), règlementant le trafic des espèces menacées (en 1960) ; la rédaction des fondements de la Convention du Patrimoine mondial de l’UNESCO, permettant le classement de sites naturels au Patrimoine mondial de l’humanité (en 1966) ; ou encore la rédaction des principes de la Convention pour la Diversité Biologique, concernant la conservation de la biodiversité (1981).

Les métaux et minerais, des ressources qui pourraient manquer ?

Comment parler simplement de sujets complexes ? C’est pour tenter de répondre à cette question que l’ADEME a mis en avant le travail réalisé par l’organisation « Qu’est-ce qu’on fait » ou « QQF ». Sur le site de l’organisation, on retrouve donc des infographies très complètes sur différents sujets hautement stratégiques. Et notamment un qui concernent les ressources stratégiques, que l’on retrouve en quantité dans nos smartphones entre autres. Voici quelques informations que l’on retrouve dans ce dossier haut en couleurs, en textes et en chiffres :

  • les métaux dits « stratégiques » sont indispensables à la transition écologique : néodyme, praséodyme, bore, cuivre, dysprosium, niobium, sont notamment présents dans les éoliennes ;

    cobalt, graphite, lithium, manganèse, niobium, silicium, titane, dans les voitures électriques ;

    gallium, germanium, cobalt, indium, lithium, terres rares, tungstène, dans les ordinateurs ;
  • 40 à 60% du poids d’un smartphone est à rattacher aux métaux qui le composent ;
  • pour quelques kilogrammes de métaux, des tonnes de roches sont extraites et traitées. Par exemple, pour récupérer 1 kilo de gallium – présent dans les téléviseurs connectés – il faut excaver 50 tonnes de roches ;
  • pour fabriquer un smartphone et tous les éléments qui le composent, il faut extraire environ 200 kilos de minerais.

La transition numérique dans l’enseignement supérieur et dans la recherche est-elle compatible avec l’écologie ?

Avoir des outils pédagogiques et des espaces numériques adaptés a toujours fait partie des priorités de l’Université en France. La numérisation a eu par le passé un impact conséquent sur la façon dont s’organise la collaboration internationale tant sur les aspects recherche que ceux touchant à la formation. L’utilisation des infrastructures, logiciels, matériels n’est cependant pas neutre en termes d’empreinte environnementale. The Conversation s’interroge dans cet article sur la façon dont les établissements universitaires étudient la question, cherchent à diminuer ces impacts, tout en continuant à proposer des aménagements adaptés aux besoins de transmission des connaissances. Voici quelques exemples issus de cette publication :

  • dans toutes les universités, les étudiants ont à leur disposition des outils de travail collaboratif en ligne. Ces logiciels ou plateformes sont souvent stockés sur les serveurs propres à chacun des établissements. Ces éléments ont été explicités et relayés par l’Agence de mutualisation des universités et des établissements (Amue) dans un dossier thématique ;
  • cet usage du numérique s’est intensifié avec la crise COVID19 et les confinements qui s’en sont suivis. Disposer d’outils efficaces et opérationnels, avec une gestion adaptée, est devenu une priorité pour les universités qui se sont dotées soit d’un schéma directeur sur le numérique ou d’une feuille de route afin d’anticiper les besoins et les coûts liés à cela ;
  • un nouveau défi et non des moindres est arrivé sur la table ces dernières années : les intelligences artificielles (IA) génératives qui démultiplient les besoins en termes de matériels mais aussi les consommations de ressources ;
  • des démarches de mutualisation ont été initiées par le passé dans certains établissements comme à l’Université de Lille, où les moyens de calcul et serveurs sont mis en commun. Un data center y est aussi installé. Au final, les bénéfices tirés sont les suivants : efficacité énergétique, meilleure alternance des machines et donc réduction du nombre d’achats ;
  • des cours ou ateliers sur les impacts du numérique sont de plus en plus fréquemment proposés afin de sensibiliser et pousser à la mise en action sur les pratiques numériques. Comme les fresques du numérique, la conception de référentiels recensant les écogestes, etc. ;
  • des réseaux apparaissent afin de réfléchir à comment transformer nos pratiques numériques et insérer le principe de sobriété dans les enseignements et outils proposés aux étudiants. C’est notamment le cas d’AltImpact, porté par l’ADEME, le CNRS ou l’INRIA.

Conférence de la Maison de l’Université de Rouen Normandie – Festival UTOPIA – « Et maintenant, on fait quoi ?! » par Arthur Keller

Face aux délitements écologiques et sociétaux, appréhender la systémique des enjeux du 21ème siècle pour repenser nos stratégies

Nombreux sont les défis qui s’annoncent pour l’humanité durant le 21ème siècle :

🌡️ le changement climatique ;
🌱 l’érosion rapide de la biodiversité ;
⛓️‍💥 de possibles ruptures de chaînes d’approvisionnement voire des défaillances de réseaux et d’infrastructures.

Mais comment les caractériser au mieux et éviter les erreurs méthodologiques qui peuvent apparaître dans l’analyse de ces risques contemporains ? Quels outils et quelles stratégies mettre en place pour y faire face ? Et surtout quelles sont les clés pour amener à une mobilisation et une transformation collectives nécessaires pour répondre à ces défis ?

Cette conférence avec Arthur Keller sera l’occasion de découvrir l’approche systémique utilisée dans ses analyses et d’interroger les options conventionnellement présentées comme « solutions ». Ce temps d’échange permettra également d’évoquer les méthodes et leviers d’action à développer permettant à chacun de se projeter dans une trajectoire viable et d’orchestrer le changement.

Rendez-vous le jeudi 3 avril, de 18h30 à 21h30, à la Maison de l’Université. Venez nombreux et nombreuses !

Plongez au cœur du territoire marin normand – Ateliers rencontres

Le 23 avril 2025, de 18h30 à 21h, l’Atrium Normandie à Rouen accueille le deuxième atelier Voyons large, un temps d’échange pour réfléchir aux interactions entre activités humaines et environnement marin.

Porté par le GIS ECUME et le Centre de recherche risques et vulnérabilités de l’Université de Caen Normandie, en collaboration avec Le Dôme, ce programme de recherche explore les représentations et controverses liées aux usages de la mer et invite à imaginer des solutions durables pour une cohabitation harmonieuse entre biodiversité, économie et société.

Pour les plus curieux d’entre vous, une visite de l’exposition OCÉAN, une plongée insolite en Normandie est proposée dès 17h30 pour une immersion totale et surprenante des fonds océaniques.

Les chantiers nature du vendredi

Étudiants et étudiantes de l’URN et membres de la communauté universitaire, retroussez vos manches pour la biodiversité !

L’Institut T.URN vous propose de venir participer à des chantiers nature, les premiers vendredis de chaque mois. En partenariat avec la Métropole Rouen Normandie, vous pourrez découvrir et aider à restaurer les milieux naturels du territoire. Arrachage de plantes invasives, réouverture des milieux… les activités seront variées et adaptées à chacun et se dérouleront le matin, l’après-midi ou sur la journée en fonction de vos disponibilités.

Les sites retenus se trouvent à proximité des campus de l’Université : les landes du Madrillet, les coteaux de Darnétal et de Mont-Saint-Aignan.

ZOOM sur le chantier nature du coteau des Cotillets

Il s’agit d’un coteau calcaire, un milieu naturel emblématique de la Normandie. Il abrite des espèces à forts enjeux, typiques des milieux ouverts.

L’objectif de ces travaux est de rouvrir des parties du site qui tendent à se refermer par la végétation, afin que le coteau demeure un milieu ouvert.

Horaires et accès

Le 4 avril 2025 de 9h-12h à 13h-16h30 – Inscription ici

Sur le coteau de l’Allée du Fond du Val Mont-Saint-Aignan, directement sur le site par accès direct.

Modalités d’inscription

Atelier gratuit et ouvert aux étudiants et aux personnels de l’Université.

L’inscription se réalise pour un chantier à la fois.

20 participants maximum.

Matériel et tenue

Le matériel pour le chantier est fourni.

Tenue conseillée : nous évoluons en milieu naturel et non aménagé, munissez-vous de vêtements coupe-vent, chauds et étanches. Chaussures fermées, étanches si possible (type de randonnées montantes ou de sécurité dans l’idéal)

Autres informations

Prévoir un pique-nique pour la pause de midi et autres biscuits, fruits et chocolat tout au long du chantier. Thermos avec boisson chaude si possible.

Recommandation de la semaine

Le podcast « Dernières limites »

ll y a 50 ans paraissait un rapport scientifique qui fit l’effet d’une bombe. Le rapport Meadows évaluait pour la première fois l’impact de l’activité humaine sur notre planète. Sa conclusion : continuer la croissance, qui va de paire avec une consommation toujours plus grande des ressources planétaires, aboutirait inévitablement à un “crash” au cours du XXIème siècle.

Dans ce podcast, la journaliste Audrey Boehly mène l’enquête 50 ans après en interrogeant des experts et des scientifiques : a-t-on dépassé les limites planétaires ? Quelles sont les solutions pour bâtir un avenir où l’activité humaine n’épuiserait pas les ressources de notre seule planète ?

Bonne découverte !

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