C'est pas demain la veille

#4 – « Chaque goutte de sève contient la plénitude de l’arbre entier ». Maharishi Mahesh Yogi

Comme toutes les deux semaines, l’Institut des Transitions de l’Université de Rouen Normandie (T.URN) vous propose une veille sur les sujets relatifs à la transition socio-écologique. Bonne lecture !

Les banques centrales publient leurs scénarios de transition

Par quels prismes les banques centrales évaluent-elles l’efficacité des plans de transition ? Et comment incitent-elles les acteurs institutionnels à calquer leurs objectifs financiers sur des plans de transition écologique/énergétique ? Quelques éléments de réponse sont donnés avec le rapport publié par le réseau des banques centrales et superviseur (Network for Greening the Financial System (NGFS)). Cette production met notamment en lumière 4 grands scénarios :

  • « Highway to Paris » : le premier scénario serait celui d’une transition qui se met en place progressivement sur les aspects énergétique et technologique. Petit à petit, les recettes générées par les taxes (carbone) sont réinjectés et utilisés pour subventionner des projets de transition. La hausse des prix de l’énergie est compensée par la croissance économique. Citoyens et acteurs institutionnels font le choix des secteurs « verts » et les secteurs plus polluants sont délaissés de par leurs coûts environnemental et financier ;
  • « Sudden Wake-up Call » : les préférences politique, financière et citoyenne évoluent brusquement, se tournant immédiatement vers les secteurs « verts ». Ce virage à 180 degrés est complètement subi par la société, notamment en raison d’une hausse des prix du carbone. La transformation rapide du contexte économique mondial rend les marchés financiers instables et la valeur des actifs – surtout ceux jugés comme polluants et donc « marrons » – fond comme neige au soleil. L’économie est bouleversée ;
  • « Diverging Realities » : dans un premier temps, les économies avancées (les « pays du Nord ») mènent des politiques favorables à la neutralité carbone. Cependant, les économies les plus précaires subissent de nombreux chocs liés aux évènement météorologiques extrêmes et cela n’est pas sans conséquence sur les marchés : les chaines d’approvisionnement en sont chamboulées, ce qui impacte fortement la santé économique des pays les plus « stables » et augmente les coûts de la transition ;
  • « Disasters and Policy Stagnation » : dans ce scénario, des évènements météorologiques extrêmes (dont la survenue est accentuée par la changement climatique) d’une ampleur conséquente sont observables entre 2026 et 2027. Cela génère de nombreuses « destructions de capital ». Ces dernières sont un véritable choc pour l’économie mondiale qui plonge dans l’instabilité, du fait de la forte perturbation des liens commerciaux et financiers à travers le monde.

Les forêts primaires tropicales ont subi en 2024 leur pire recul depuis une vingtaine d’années

L’Observatoire mondial des forêts (rattaché au World Resources Institute (WRI)) a publié dernièrement une note sur l’état de santé du patrimoine forestier. A l’échelle du globe, c’est environ 30 millions d’hectares qui ont disparu en l’espace d’un an. Une situation inédite et critique, quand on connait l’importance des forêts pour la préservation de la biodiversité et le changement climatique. Voici ce qu’il faut en retenir :

  • un pilier essentiel dans notre stratégie d’atténuation et d’adaptation : la préservation des espaces forestiers est l’un des moyens les plus efficaces pour limiter les effets du changement climatique ainsi que ceux de la disparition de la biodiversité. Cet état de fait est validé par les gouvernances internationales qui se sont engagées lors de la COP26 à « mettre un terme » à la déforestation à horizon 2030 ;
  • une dégradation constante et progressive : la perte du couvert forestier n’a jamais été aussi forte qu’en 2024. Deux éléments permettent de comprendre la gravité des faits : les forêts primaires tropicales – qui sont parmi les plus préservées et riches du monde en termes de biodiversité – ont été très fortement impactées par les feux de forêts ; l’augmentation des forêts détruites ou dégradées à l’échelle mondiale a augmenté de 80% en 2024 par rapport à 2023 ;
  • une très forte augmentation des feux de forêt : changement climatique oblige, le nombre d’incendies a littéralement explosé. Des incendies majeurs ont été constatés dans la forêt amazonienne, en Russie ou au Canada. Trois régions où l’on trouve des domaines forestiers vastes et riches. Si la déforestation fait encore des ravages, on constate une augmentation de la disparition du couvert forestier non pas pour des raisons de défrichage mais tout simplement pour des raisons d’incendie liées à la multiplication des sécheresses. En Amazonie, plus de 140 000 feux ont été recensés.

Si l’observatoire mondial des forêts explique que ces constats doivent être « un appel à l’action contre la déforestation », l’organisme insiste par ailleurs sur le fait qu’il faille étudier comment rendre la forêt plus résiliente face aux risques d’incendie. Notamment pour les forêts tropicales, qui historiquement étaient relativement peu concernées par ce phénomène mais qui le sont davantage depuis que la dérive climatique s’accentue.

À l’université de Rouen, une machine surpuissante unique en Europe révolutionne la traque des PFAS et autres polluants

Comme l’expliquait un dossier publié par le journal Le Monde dernière, les PFAS sont partout. La détection et le traitement de ces molécules devient un sujet pluriel : de santé publique et donc.. de recherche. Au sein de l’Université de Rouen, le laboratoire CARMeN s’est doté d’un outil – un spectromètre de masse à transformée de Fourier – permettant d’analyser et donc de détecter les substances présentes notamment dans l’eau. Explications :

  • le spectromètre de masse installé dans les locaux de l’université est un outil presque « unique au monde ». « Cet outil sera à la chimie moléculaire ce que le télescope James Webb est à l’exploration spatiale » ;
  • l’utilisation de l’outil permettra aux chercheurs de mieux comprendre la diffusion des molécules chimiques dans l’environnement, notamment dans le cas d’accident industriel (comme l’incendie de Lubrizol en 2019). La capacité d’analyse de l’outil, plus rapide-précise-exhaustive, va considérablement aider les chercheurs à analyser les résidus engendrés à l’occasion de méga feux et à comprendre leurs impacts sur l’environnement ;
  • l’outil permettra à la communauté scientifique de travailler sur d’autres sujets comme la recherche sur les énergies renouvelables, la santé et même la planétologie.

L’Université de Rouen rejoint le réseau ALT-IMPACT

La démarche Alt-Impact, portée par l’ADEME, le CNRS et l’INRIA, a pour objectif d’accélérer et accompagner la sobriété numérique, pour les entreprises, les associations et les collectivités locales. L’Université de Rouen rejoint donc cette communauté visant à accompagner les différents acteurs de la société à repenser leur usage du numérique et à proposer des initiatives pragmatiques en accord avec les concepts de « numérique responsable » ou de « sobriété numérique ».

Du 2 au 6 juin prochain se déroulera une formation qui regroupera tous les référents « numérique responsable » identifiés au sein du monde de l’enseignement supérieur et de la recherche (ESR). L’occasion de faire le point sur différents enjeux :

  • comment convaincre les acteurs de son établissement à s’investir en faveur du numérique responsable ;
  • quels défis sont soulevés par l’arrivée de l’intelligence artificielle (IA), et en particulier les IA génératives ;
  • quels impacts environnementaux liés à cette technologie ;
  • quels outils sont à disposition des référents et des acteurs de terrain.

L’Université Buissonnière – 2ème édition

En juin, la Direction de la culture et l’Institut TURN vous convient à la 2ème édition de l’Université Buissonnière.
Un format inédit avec différents temps de conférences, d’ateliers et de rencontres. Nous parlerons de nos attachements, de récits, d’imaginaires et de préservation du vivant.
À cette occasion, l’Université souhaite porter une réflexion collective en alternant des temps d’éclairage et des temps d’échanges et d’immersions.
Avec la complicité de Perrine Bulgheroni (fondatrice de la ferme du Bec Hellouin et consultante) et de David Wahl (auteur, metteur en scène et comédien) notamment, il s’agira d’en dessiner les trajectoires, d’écouter et imaginer les récits qui se créent, se nourrissent et interrogent notre rapport à l’environnement.

Le programme complet

  • Perrine Bulgheroni Remettre la ferme au cœur du village : vers une souveraineté alimentaire durable – Mardi 10 juin, 18h30 – Maison de l’Université, MSA
  • Atelier autour des herbes aromatiques de saison et locales avec la Cantine – Jeudi 12 juin, 18h – 192 rue Eau de Robec, Rouen
  • Alexandre Padetvisite de la biodiversité du campus Mont-Saint-Aignan – Mardi 17 juin, 12hMaison de l’Université, MSA
  • Julien MignonatFresque des frontières planétaires – Mercredi 18 juin, 18h – Maison de l’Université, MSA
  • Katell Guiriec-Adam et Sophie KrausClimatokoi ?! un jeu sérieux pour clouer le bec aux climatosceptiques – Jeudi 19 juin, 12h15 – Maison de l’Université, MSA
  • David WahlLe sexe des pierres – Mardi 24 juin, 18h30 – Maison de l’Université, MSA

Recommandation de la semaine

Présentation du média Limit

Mis en place par Vinz Kanté il y a plusieurs années maintenant, le média Limit a pour vocation d’aborder les thématiques qui englobent les « Limites Planétaires ». Riche d’une programmation variée, nous pouvons y retrouver des invités experts sur différents sujets, qui tentent d’exposer leurs idées avec pédagogie et souci de vulgarisation.

Jean-Marc Jancovici, Charlène Descollonges, Olivier Hamant, Arthur Keller ou encore Philippe Grandcolas font partie de la riche programmation de la chaine.

Bonne écoute !

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